"La désobéissance civile est un geste fort. Il y a peu, des milliers de scientifiques ont appelé à y recourir face à la catastrophe écologique en cours. C'est, à ma connaissance, sans précédent. D'autres causes immenses méritent sans doute que soit envisagée cette forme radicale de résistance. Il y a là matière à penser et à agir. Avec solennité.
Mais comment n'être pas triste de constater que le refus des gestes sanitaires de base - qui ne sont qu'un infime effort d'intelligence collective élémentaire - soit aujourd'hui revendiqué comme une telle résistance ? Il me semble que cette obstination à mettre en danger la vie d'autrui relève en réalité plutôt de la bouderie presque obscène d'un enfant gâté paranoïaque qui ne veut rien, jamais, sacrifier de son confort. Fût-ce au prix de la mise en danger délibérée de la vie d'autrui.
Et, une dernière fois, pour rappel :
1) "Masquer" la population ne fait pas les affaires de l'État : rien ne fait plus peur à une société de contrôle que des citoyens non identifiables !
2) Nous avons réclamé - à juste titre - ces masques quand ils manquaient. Refuser de les utiliser, en espace clos, quand ils sont disponibles est totalement incohérent.
3) Nombreux sont ceux qui dénoncent les enjeux de pouvoir et d'argent des laboratoires pharmaceutiques. Raison de plus pour endiguer l'épidémie à moindre frais et sans médicament ! Même les plus "conspirationnistes" ne peuvent nier que le port du masque n'enrichira aucune puissance occulte...
4) Que le virus soit plus petit que les mailles du masque ne dit évidemment pas que ces derniers ne servent à rien : les gouttelettes qui portent une bonne partie des agents pathogènes sont arrêtées.
5) Oui, il y a d'autres maladies graves actuellement à l'oeuvre dans le monde. Et alors ? Que la seconde guerre mondiale ait été plus meurtrière que la première signifie-t-il que cette dernière soit anodine ?
6) Oui, nous pouvons - et c'est mon cas ! - avoir de nombreux griefs contre ce gouvernement et sa politique. Et alors ? En quoi cela nous autorise-t-il à mettre en danger la vie des plus fragiles ? Nous "entretuer" fragiliserait-il le pouvoir en place ?
7) J'ai souvent lu ces derniers jours que "bien respirer est essentiel à la santé". Certes. Bien boire aussi. Pour autant, quand l'eau de la mare est empoisonnée mieux vaut se retenir quelques minutes et aller à une source pure, non ?
8 ) N’y a-t-il pas une forme d’arrogance assez stupéfiante à penser que les experts n’ont rien compris et que des analyses ne reposant sur aucune compétence spécifique sont évidemment celles auxquelles donner crédit ? Comme si tout n’était qu’affaire de sondage, d’opinion et de choix personnel.
9) Refuser d'obéir aveuglément est sans doute une posture intéressante. Il y a tant de lois et de schèmes d'oppression à contester... Pourquoi manifester ce "courage" face à ce qui relève, justement, du soucis élémentaire de la santé d'autrui ? C'est un contresens radical.
10) Il n'y a aucune légitimité à craindre une "nouvelle normalité". De même que le confinement chez soi a été levé dès que possible (ralentir l'économie ne fait jamais les affaires de l'État), le port du masque (toujours terrifiant pour les forces de police) ne durera évidemment pas. L'émergence d'une société de contrôle assez terrifiante est possible et doit, à mon sens, être combattue. Mais, justement, c'est l'inverse qui a lieu ici !
11) Certains se vantent de n'avoir pas peur. Soit. La disposition psychologique de chacun est parfaitement légitime. Mais n'avoir pas peur des armes à feu n'autorise pas à tirer dans le tas. Tout est là.
12) Il n'y a vraiment rien de révolutionnaire ou de transgressif à nier les vérités médicales dans un geste d'égoïsme assumé qui prend la forme exacerbée de l'individualisme dominant du monde contemporain.
13) Et même si, de façon extrêmement improbable, le masque s'avérait essentiellement inutile, l'infime effort ne méritait-il pas d'être tenté ? Mettre en regard ce dérisoire inconfort (l'occident oublie si souvent les véritables maux de ce temps) face à la possibilité d'une vie sauvée ne clôt-il pas immédiatement le dilemme ?
14) Franchement, face à la souffrance des malades intubés, face aux 600 000 morts - ici et ailleurs -, le refus de l'infime effort dont il est ici question n'a-t-il pas quelque chose d'indécent ? Comme symptôme de l'oubli définitif de tout soucis du bien commun."
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